C’est par un communiqué de presse, daté du 14 novembre 2017 et relayé notamment par un tweet du Docteur Oly Ilunga Kalenga, Ministre de la Santé de RDC, que les Congolais ont appris les mesures prises par l’Inspection Générale à la Santé (IGS) pour mettre fin au trafic de médicaments contrefaits dans leur pays. Trois médicaments anti-malaria contrefaits ont été signalés sur le marché congolais. Il s’agit de COMBIART 20/120 mg, FANSIDAR 25/500 mg et COARTEM 20/120 mg dont les comprimés sont actuellement vendus au Congo-Kinshasa. Pour le Ministre Ilunga, ces mesures sont nécessaires et ont un seul objectif: l’urgence de préserver la santé des populations congolaises. D’où son appel à la communauté congolaise:
Ces produits ont été importés frauduleusement en RDC et les analyses des laboratoires ont révélé l’absence totale des principes actifs.
Il est demandé à la population de ne jamais utiliser les produits ci-hauts indiqués et de signaler toute vente de ces produits à l’Inspection Générale de la Santé.
Au-delà de cet arsenal normatif, la Rédaction de Kinshasa Daily vous propose son résumé de l’exposé du Professeur Vicky Bokomba, en marge de la célébration des 60 ans de la Faculté de Médecine de l’Université de Kinshasa, le 16 novembre 2017, sur le thème de la « Responsabilité sociale des écoles de Médecine en RDC ».
Etat de lieux de la santé de la population congolaise (Rapport EDS 2013 – 2014).
A en croire le Professeur Bokomba, ce rapport présente des indicateurs alarmants en RDC:
- Taux de mortalité infanto-juvénile de 104/1000 NV, parmi les plus élevés dans le monde;
- Vaccination (12 – 23 mois): 45%
- Retard de croissance: 43% des enfants congolais présentent un poids inférieur à la moyenne;
- Accouchement assisté: 80% des femmes ont accouché en présence d’une personne formée en la matière;
- 38% des femmes enceintes ont présenté une anémie;
- VIH/SIDA: 78% (femmes) et 84% (hommes) n’ont pas présenté un test de dépistage;
- 80% des médecins se trouvent dans les grandes villes ou zones urbaines.
Que retenir de la responsabilité sociale des écoles médicales en RDC?
En République démocratique du Congo, il est constaté une répartition inéquitable des ressources humaines médicales. Les milieux ruraux et les zones les plus reculées sont de plus en plus exposés à une faible mobilisation de professionnels de santé au Congo-Kinshasa. Dans certaines régions du pays, les écoles médicales sont quasiment absentes ou simplement très peu outillées pour offrir de services de formation de qualité.
Cette situation peut-elle attribuée aux écoles de formation médicales que compte la RDC? Oui. Cette réponse du Professeur Bokomba est assortie d’une explication objective: la responsabilité sociales des écoles médicales renvoie à la capacité pour ces écoles de démontrer leur contribution à l’amélioration des systèmes de santé et au bien-être social des populations. En d’autres termes, les écoles médicales doivent adapter leurs formations aux priorités des populations mais en gardant leur autonomie institutionnelle. Elles doivent également anticiper les besoins des populations en santé et s’adapter aux rôles nouveaux des médecins. Pour le Professeur Bokomba, la responsabilité est partagée:
Les soins de santé des populations ne dépendant pas seulement des autorités. Les écoles de médecine doivent conseiller les autorités locales sur la nécessité de prendre certaines lois ou mesures en vue de l’amélioration du système de santé et de son adaptation aux besoins sociaux.
En RDC, les écoles de médecine sont appelées à former les personnels de santé en cohérence et en s’adaptant aux évolutions des communautés. L’ancrage local est donc un déterminant important dans l’élaboration de l’offre de formation médicale en santé. Recruter et sélectionner des étudiants en médecine devraient être fonction, pour les écoles médicales congolaises, de la diversité sociale: favoriser ou encourager le recrutement et la formation des groupes vulnérables et dans les milieux défavorisés dans la société. Il est plus facile, surtout dans un contexte de découpage territorial, de favoriser une répartition équitable des ressources humaines médicales en organisant également la formation des personnels de santé dans les zones rurales ou milieux reculés.
En 2021, toutes les écoles médicales qui ne seront pas accréditées ne pourront envoyer leurs enseignants, étudiants aux Etats-Unis d’Amérique. Cette mesure pourrait s’étendre jusqu’en Europe. La responsabilité sociale des écoles médicales en RDC exige d’elles de réadapter les formations qu’elles proposent aux communautés. Elle exclut des cours magistraux car les étudiants doivent participer à l’élaboration des cours leurs destinés. Ce processus d’adaptation exige aussi une évolution dans les méthodes d’évaluation des apprenants. Cette évolution doit également tenir compte des opportunités offertes notamment par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est ce que résume le Professeur Bokomba qui en appelle également à un changement positif:
En RDC, seuls 15% des étudiants réussissent. Cela n’est pas normal. Si vous dites que les étudiants sont nuls, ça veut dire aussi que les enseignants sont nuls. Car ils doivent faire un transfert des connaissances. Certains cours peuvent être mis en ligne pour permettre aux étudiants de les suivre depuis la maison. La responsabilité sociale des écoles médicales c’est aussi accepter que les enseignants soient évalués par les bénéficiaires de ces formations.